Carnet de route

Les Cosmiques sous la neige
Le 04/04/2024 par Emeric
Mercredi 3 avril, ambiance mitigée au Club du CAF léman. Le groupe de 6 se réunit pour préparer la sortie des cosmiques du lendemain. Le programme initial ? Monter à l'aiguille du Midi dans la matinée, réaliser la traversée des pointes Lachenal et de l'arête à Laurence, dormir au refuge des Cosmiques et repartir le lendemain à l'aiguille du Midi par l'arête des Cosmiques. L'une des boucles les plus classiques du massif et qui se prête bien à notre situation : expérience du groupe hétérogène et conditions plus exigentes du début de printemps.
Les réssentes chutes de neige et une météo pas si clémente le premier jour nous amène à retirer les pointes Lachenal de la liste. Nous restons optimistes : il fera beau le deuxième jour et nous aurons un créneau horaire très confortable pour faire la traversée.
Pas de surprise le premier jour... il va falloir brasser sévère pour rejoindre le col des Cosmiques et le départ de l'arête à Laurence. Un peu plus de trois heures d'approches depuis l'arrivée du téléphérique au lieu de la grosse demi-heure nécessaire en été. Ce ne sera certe pas la sortie la plus technique, mais le physique lui est bien sollicité. Mais alors que des hordes de skieurs nous font prendre conscience de notre célérité d'escargot, le panorama se dévoile. Cette vallée blanche facsine. Hypnotisés, nous nous sentons chanceux.
L'arête à Laurence est une formalité mais permet d'échauffer le groupe et d'apprivoiser le fonctionnement des deux cordées. La météo se dégrade. Le vent se renforce. L'arrivée au refuge est la bienvenue. Petit débrief le soir autour d'un verre : on reste sur notre projet, on est bien préparé, pas de surprise. Dans notre cas, je prends conscience de l'importance des premières journées et nuits au refuge. J'en apprends plus sur chacun de mes compagnons que lors des appels téléphoniques et des réunions de préparation. Je les découvre dans la montagne et j'apprends leur fonctionnement. Pendant cette première journée, c'est la cordée qui se construit.
7h le lendemain, les choses sérieuses commencent. Je n'avais encore jamais vu l'arête des Cosmiques comme ça : des quantités de neige fraîche ! On s'enfonce jusqu'aux molets. La course est ainsi bien plus esthétique, mais aussi bien plus délicate qu'au coeur de la saison. Il nous faudra 4h30, en prenant le temps de nous attendre et de bien assurer nos pas. L'ambiance est grandiose. La neige fraîche accentue la raideur des pentes et notre exposition. Mais le groupe a le sourire à l'image des quelques mots d'Olivier : "wah c'est dur mais quesque je suis bien là !"
Puis c'est l'arrivée sur les terrasses de l'Aiguille au milieu des touristes venus admirer la vallée. Nous sommes heureux. J'ai le sourire. Oui... c'est une bonne première pour la saison.