Carnet de route

Saas-Fee objectif 4000
Le 27/05/2022 par olivier ringot
Que la route est longue et embouteillée pour atteindre Saas-Fee joyau du Saastal ! Embouteillages qui firent monter la température dans la voiture encore plus vite que la chaleur extérieure (34° à Visp à 15h30 !) ; on s’est vite rendu compte qu’il allait falloir courir pour atteindre la gare de départ du téléphérique de Felskinn avant 16h15 horaire de la seule montée du jour. Quatre coururent quand 2 petits malins se firent embarquer par un taxi improvisé ! Tout rentra dans l’ordre grâce à la patience d’un cabinier magnanime.
D’un bond et quelques coups de jarrets nous voilà propulsés à 3030m à la Britannia Hütte. Dès l’entrée on sait qu’on est en Suisse : Crocs parfaitement rangés par code couleur strictement au milieu de chaque casier ! Pauvres Français perdus au milieu de cette absence de foutoir. L’accueil de la gardienne est efficace et souriant, la cabane claire et confortable. Première soirée, première bière sur la terrasse avec en point de mire notre objectif du lendemain le Strahlhorn bien individualisé dans le rougeoiement du soleil couchant à coté de son compère le Rimpfischhorn.
Dès le début, la donne est claire : Strahlhorn réveil 3h15, petit déjeuner 3h30. on est en haute-montagne on ne va pas à la plage !
Drinng , Guten Morgen, il est 3h15! Les yeux collent, la nuit fut un peu chaotique un ronfleur espagnol nous rappelant qu’altitude et lit de dortoir ne font pas toujours bon ménage avec sommeil profond. Un petit déjeuner roboratif, l’excitation de la haute-montagne et nous voilà à pousser nos spatules sur le looonnng glacier Allalingletscher direction le col Adlerpass. Première expérience de ski encordés pour certains. On semble courir l’amble quand on monte au pas élastique de l’alpiniste malgré un vent du diable . Un peu de crispation dans une pente raide vite détendue grâce aux couteaux. Un col, une ligne de crête quelques pas d’escalade sur l’arête finale et le panorama sur le val de Zermatt avec sa couronne impériale nous éblouit Mont Rose, Lyskamm, Castor et Pollux Breithorn et surtout cette si emblématique face est du Cervin. Quelques photos pour la postérité et, déjà, il nous faut descendre. Encordés ? Non, je libère mes jeunes poulains qu’ils s’ébrouent. C’est si bon ces courbes même si parfois la neige est un peu piégeuse. Dernière épreuve les 150m de D+ pour remonter à la cabane skis sur le sac sous le soleil ardent de cette mi-mai. Après une sieste réparatrice quelques exercices de mouflages et me voilà rassuré, si demain je tombe dans une crevasse je devrais pouvoir en être sorti !
A l’heure de l’apéro on se rend compte que les 1400m de D+ du jour pèsent dans les cuisses, l’objectif du lendemain sera plus « modeste ». L’Allalinhorn avec sa très reconnaissable forme en tête de setter et ses 4027m nous conviendra tout à fait d’autant qu’il nous laisse le loisir de faire la grasse-matinée jusqu’à…4h30. Le début n’est guère agréable, le chemin menant à l’arrivée du téléphérique de Felskinn, emprunté l’avant-veille, est gelé en devers et très empierré. Heureusement une galerie souterraine du métro alpin nous permet de gagner rapidement le début de notre rando. Chemin très tourmenté entre séracs et grosses crevasses notre progression est lente et fatiguée. D’un commun accord on s’arrêtera au Feejoch, la descente à Saas-Fee promettant d’être longue sur une neige pas terrible s’apparentant plus souvent à du ski sanglier qu’à du ski de randonnée avec un final skis sur le sac bien éprouvant pour les pieds. La remontée au parking au milieu des raccards sur pilets et la Croix de la Passion ou Croix du Coq avec ses Arma Christi que l’on retrouve en Savoie et en Vallée d’Aoste racontent l’histoire des gens Walser du Valais et leurs migrations. Une bonne bière et il n’y a plus qu’à rentrer la tête déjà tournée vers la Punta Gnifetti notre prochain objectif.