Carnet de route

Un Dome des Miages pas comme prévu .

Le 16/07/2024 par Franck

En ce week-end d'été du 13 et 14 juillet , rempli des ses festivités , harley days , Musilac , fête Nationale...
Il y a un autre rendez-vous qui c'est organisé celui de la traversée des Dômes des Miages - la classique .
Un premier contact jeudi au local pour prendre connaissance et échanger et un vendredi sous l orage pour rafraîchir nos vallées et un week-end annoncé ensoleillé.
Une arrivée prévu au parking du Cugnon ( 1200m) pour 8h30 .
En la présence d'Emeric encadrant pour nous servir et accompagné de William et moi Franck deux cafistes voulant s initier sur cette première course classée F peu technique mais longue par son approche .
L'ambiance est tout de suite agréable nous commençons l ascension , première étape le refuge de Tré la Tête à 1900 , on l'a pas vu arriver à force de discuter dans la forêt .
Petite pause grignotage, l opinel est déjà sorti , les sandwichs aussi ( William a je crois un sandwich dans toutes ses poches ! ) , On prend notre temps .
La deuxième partie plus longue - le refuge des Conscrits ( 2600 m) par le mauvais pas avec le glacier en contre bas.
L ascension se déroule , on s arrête on regarde les marmottes puis mon pas devient plus lent comme discuté le jeudi par l'accumulation de fatigue et peu d activités cette année évidemment ça tape pour ces 1400 de D+.
On observe un Emeric dynamique,observateur et entraînant,un William patient et compatissant.
Je passe devant , on continue et on arrive a la fameuse passerelle avant le refuge .
Pratique , gagne temps à son charme .
Le sac lourd se pose à 14h30 au pied du refuge , on prend nos appartements et de tradition cafiste on trinque d'une Cervoise fraîche en terrasse.
Je lance la discussion sur ma pénibilité à être arrivé ici et pour la suite , Emeric professionnel et humain nous fait comprendre - la solidarité d'une cordée , on apprend.
Et demain on y va à 3 sauf si nuit horrible car l approche c'est faite  "doucement mais sûrement "
Repas 19h , levé 3h.
Avant le repas, nous nous sommes perdu de vue chacun à roupiller je ne sais où on c'est retrouvé avec nos petits yeux au coin détente .
Au réfectoire, c était festin pour les 90 pensionnaires.
On éteint tout à 21h30 sauf Emeric couche tard se fait la collection des Largo Winch .
Réveil 3h, frontale rouge , ça bouge mais en silence . Le petit déjeuner est plus calme que le dîner la veille, nez dans le café et tartines.
Il est temps de plier bagage , le ciel est clair ,un petit vent , nos pieds cramponnés commencent à chantonner à 3h45 sur la neige au bon regel.
A l horizon des frontales dansent . Nous parcourons et longeons le glacier par le haut entre rocher et névé déjà encordé ,Emeric en premier , moi en second et William ferme la marche.On avance le ciel s'éclaircit . 
Comment on se sent ?!
Le petit froid se fait ressentir mais ça va , William va bien et moi je sens mon souffle pas comme d'habitude et le ventre me lance des éclairs ( oui on a abusé de cette fameuse soupe aux lentilles corail cumin !! Vous avouez messieurs c'était bon !)
On pose les pieds sur le glacier, on progresse il est assez bouché mais on passe parfois devant des grosses crevasses ça impressionne et les séracs au loin c'est magnifique et ça va monter , c est pas si excessif mais on a passé les 3000( William je sais plus moi c est une première ).
Emeric nous leade et nous donne des explications sur le glacier .
Avant le couloir qui monte au col des dômes il y a comme trois "bosselettes"à passer.

A la première, la cordée prend un doux rythme mais Emeric observateur a déjà entendu mon souffle se saccader et le pas ralenti , la corde se tend et je ressens le tirage et son soutien , derrière William patiente , en a sous le pied mais ne peut l'exploiter.
A la deuxième, le tirage est encore plus fort , pas en force mais en soutien il me regarde , m'encourage et ralenti son pas d avantage.
Des cordées qui étaient au loin nous passent devant , déjà plus de 3h qu'on  avance et on est pas encore au col.
Les pensées vont vers William qui je pense attendait beaucoup de ce week-end et je me bat pour lui, pour notre cordée et Emeric qui essaie de nous pousser plus haut . 
A la troisième un froid intense me prend , la tête tourne , l énergie et le souffle hors service, William m'encourage
La Emeric nous pousse à prendre une décision ensemble de cordée, soit continuer et passer les 300 mètres de dénivelé soit faire demi tour , nous étions large en temps mais du temps s'en est écoulé...
Et après décision, la cordée a donc tournée le dos aux dômes et s'en est allée en direction du refuge c'était dur vraiment dur.
Buté à 3300 mètres .
Une course certe facile mais qui demande un engagement et une préparation , aujourd'hui j'avais pas la caisse.
Et il est important de rappeler pour tous qu'une course F reste une course en haute altitude avec tout l'engagement quelle nécessite.

La un tourbillon de pensées, de la culpabilité et de "et si..."
Un silence lourd lors de la descente et une frustration importante de descendre en altitude.
Quand je commence à leurs présenter des excuses, nous avons un William seigneur d'une gentillesse une compassion touchante qui pourtant attendait ce moment et un Emeric digne d'un premier de cordée expliquant la solidarité de celle-ci et que cette échec n'est simplement que de l expérience acquise sur notre initiation qu'il valait mieux vivre cela, une course facile certe mais une course quand même à plus de 3000 avec toute l'organisation qu'elle demande et que j ai vécu plus de choses que d'être resté au lit à 3h.Ses mots ont été percutants et il nous a montré le sens d'une cordée solidaire . 
Arrivé au refuge on refait notre sac , Emeric n'aura pas sa tarte  au chocolat tant espérée alors direction le refuge de Tré et redescendre les 1400 mètres des 2000 qu'on avait .
Là les deux gazelles avancent vite et ne peuvent prendre mon rythme lent avec mon genou arthrosé ( oui j ai que 40 ans pourtant ) on s attend , ça repart , on s attend , ça repart .
Ces deux gaillards, le mauvais pas et les marmottes retiendront mes gémissements et petits cris de douleurs qui s'échappaient de ma bouche .
Leurs générosités étaient telles qu'ils m attendaient à Trè la Tête avec une méga planche de saveurs savoyardes et de houblon - la tradition d'un dernier au revoir de compagnon.
Laissant ce plateau vide , on reprend les sacs ( ils deviennent lourds la ) et reste nos derniers 700 mètres à faire en forêt avant de toucher bitume . Genoux rendant l'âme , les deux chamois on pris leurs rythmes et ont pu aérer la voiture longtemps ! 
Et on peut être eu écho, tient Franck gémis il est plus très loin !
C est en posant le sac devant la voiture à côté de notre lead fermant ses yeux , William qui se détend ( cette homme est toujours détente ) que je m effondre sur mon sac , les larmes qui coulent de cette aventure , cette souffrance jamais connue , ce projet non réalisé a si peu , de mon partenaire qui a subit cela , de cette solidarité !
A mon sens oui , à chacun son Everest comme on dit c'était le cas .
Une aventure courte mais profonde et longue de sens .
Alors cette fois comme la coutume le veut dans beaucoup de réseaux sociaux il n'y aura pas cette fameuse photo sommitale qu'on attend d'une cordée conquérante.
Mais on retiendra une valeur fondamentale de celle-ci - le renoncement .
Quelque soit la difficulté de la course , le sommet , le projet , l importance est la cordée  et l état de chaque membre .On part ensemble , on le vit ensemble et on revient ensemble.
La cordée est aussi belle enlacée au sommet d'une montagne se disant : on la fait !qu'à son pied enlacé aussi : pour une autre fois !
Le Miage était un mirage réalisable non réalisé.
Mais à permis de définir le mot Solidarité.
Merci Emeric de nous avoir permis de vivre cette expérience par ton expérience et ta bonne humeur , tes mots font résonances.
Merci William pour ton soutien , ta gentillesse tu as été un Homme .
C'était l histoire de 3 cafistes le temps d'un week-end au Miage.

Franck .

CLUB ALPIN FRANCAIS LEMAN
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