Carnet de route
Petit Combin deviendra Grand
Le 08/05/2024 par Muriel
J1 : montée à la cabane FXB Panossière (2641m, 1300m d+)
Départ à 5h de Thonon pour Guillaume, Fabien et moi. Peu motivés par la météo qui s'offre à nous à Fionnay (fin fond du Val de Bagnes, un peu avant le barrage de Mauvoisin), nous ne démarrons qu'à 7h30 du parking, les skis sur le sac et la tête dans le brouillard. Au bout d'environ 350 m de randonnée pédestre en chaussures de ski, vers 1850m, la couche de neige est enfin assez épaisse pour nous laisser chausser. La montée jusqu'à la cabane de Panossière se fera dans une atmosphère humide et chaude qui fait coller la neige et purger les pentes. Quelques passages plus acrobatiques dans des dalles nous obligent à déchausser et nous essayer à d'autres activités : via ferrata, canyoning, catch dans la boue... Le brouillard se dissipe finalement après notre arrivée, nous offrant un panorama somptueux sur les Combins depuis la terrasse en plein soleil.
J2 : Petit Combin (3668m, 1200m d+)
Après la chaleur de la veille, il s'agit de partir aux aurores : petit déjeuner à 5h, skis chaussés à 6h. Les 60 m de descente jusqu'au glacier se font sur une neige bien regelée grâce à la nuit claire. La remontée est longue et le soleil sort entre-temps pour nous réchauffer, tant et si bien que la fin de la montée au col de Corbassière est bien lourde et nécessite les crampons. Une fois au col, les derniers 100 m de D+ sont vite avalés et nous arrivons tranquilles et seuls au sommet, entre deux déposes hélico. Redescente par les Follâts dans une croûtée infernale heureusement vite remplacée par de la neige lourde, molle mais plus skiable. Nouvelle traversée du glacier et dernière remontée à la cabane, en plein soleil et sans un poil de vent, jusqu'au ravito bien mérité.
J3 : Grand Combin (4314m, 1750m de d+, 150m supplémentaires pour rentrer à la voiture)
Selon les instructions du gardien, "pour le Grand Combin, petit déjeuner de 2h30 à 3h". Nous sommes donc à pied d'œuvre sur le glacier à 3h, parmi toutes les cordées qui tentent le sommet. Les conditions météorologiques sont favorables, les Suisses en congé, nous ne sommes pas tout seuls ! La nuit, tout d'abord seulement éclairée par le halo des frontales, laisse peu à peu place au jour alors que nous arrivons au pied du couloir du Gardien. Nous remplaçons les skis par les crampons et remontons les 250m du couloir jusqu'à un passage en glace. Ça bouchonne devant, il fait froid, mais trois broches plus tard nous débouchons au soleil. Nous finissons tranquillement les 300 derniers mètres à ski. Nous pique-niquons seuls au sommet et au soleil, émerveillés par le panorama à 360° qui s'offre à nous. Puis il faut redescendre. Après quelques virages d'échauffement, nous arrivons en haut du mur de la Côte, heureusement recouvert d'une poudreuse douce et épaisse. Une fois le passage raide du Corridor derrière nous, nous profitons de la neige légère pour faire de belles courbes sous les séracs, avant de retomber dans la croutée de la veille. Guillaume arrive à gérer sur son snowboard, Fabien et moi avons recours à la bonne vieille technique des familles: conversions et traversées. Petit à petit, la croûte ramollit et la redescente du glacier jusqu'à la cabane de Panossière est rapide et agréable. Plus bas, il fait chaud, très chaud, ça colle et on transpire. Ensuite, on porte, on traverse le ruisseau, on remonte 150 m, on rechausse, on porte de nouveau... Les 400 derniers mètres de descente se font en chaussures de ski, planches sur le dos, on a cessé de lutter. Nous atteignons la voiture aux alentours de 16h, plein les pattes mais encore éblouis par ces trois jours. Merci à Guillaume pour son ambition, ses conseils, sa bienveillance et son adaptabilité (sans compter son flair pour les fenêtres météo) !





